Le ministère de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté du Canada (IRCC) a récemment proposé de nouvelles régulations qui pourraient permettre de verser des millions de dollars en compensation aux victimes de consultants immigratoires malhonnêtes. Cette initiative s’inscrit dans un ensemble de projets de règlement visant à améliorer la gouvernance et le fonctionnement du Collège des consultants en immigration et en citoyenneté, publié dans la Gazette officielle.
Créé en 2021 par l’IRCC, le Collège est l’autorité de régulation chargée de superviser les consultants en immigration et de protéger le public contre les abus.
Création d’un fonds de compensation
Les nouvelles régulations envisagées établiront les conditions selon lesquelles les clients des consultants en immigration pourront recevoir une indemnisation pour les préjudices subis du fait de la malhonnêteté d’un consultant enregistré.
Selon les analyses effectuées par l’IRCC, le fonds de compensation devrait prévoir, au cours de la première période, le versement de 146 compensations, avec un montant moyen estimé à 4 652 $. Sur les dix premières périodes, les paiements du fonds de compensation pourraient atteindre un total d’environ 5 756 304 $.
Ces régulations préciseront également les délais et les modalités de demande de compensation, ainsi que les cas où une compensation pourra être obtenue sans dépôt de demande.
Actuellement, si le Comité de discipline du Collège conclut à une perte financière pour un client due à un acte malhonnête d’un consultant, le client est informé de son éligibilité à une compensation sans qu’il ait besoin de faire une demande.
Les nouvelles régulations stipulent que des demandes de compensation seront nécessaires dans les cas suivants :
- Le Comité de discipline a déterminé que le consultant a commis un acte malhonnête, mais n’a pas pu évaluer la perte financière ;
- Le Comité des plaintes n’a pas transmis la plainte du client au Comité de discipline en raison de la révocation du permis du consultant.
Les régulations préciseront également la gestion et le financement du fonds de compensation. L’objectif est d’encourager les représentants rémunérés à agir avec intégrité et de lutter contre la fraude. Ce dispositif devrait devenir opérationnel en 2025.
Élargissement des compétences du Collège
Les régulations visent aussi à étendre l’autorité du Collège dans divers domaines :
- Registre public des consultants en immigration : Cela facilitera la vérification instantanée de l’autorisation d’un consultant à offrir des services en immigration.
- Processus de plaintes et de discipline : Cela permettra de simplifier les démarches administratives.
- Investigations : Le Collège aura plus de pouvoir pour mener des enquêtes sur les consultants soupçonnés de fraude.
Mesures de répression renforcées
Ces règlements s’inscrivent dans une série de mesures précédemment annoncées, visant à renforcer les sanctions contre les représentants rémunérés qui enfreignent la loi. Le ministre de l’Immigration, Marc Miller, a également déclaré, lors d’une conférence de presse, son intention de mettre en œuvre des amendes plus sévères accompagnées d’une campagne de publicité pour dénoncer les contrevenants.
Pénalités financières importantes
Les pénalités proposées comprennent des amendes pouvant atteindre 1,5 million de dollars pour avoir conseillé des clients de se présenter de manière frauduleuse.
Il est important de noter que la fraude s’entend comme la fourniture d’informations inexactes à l’administration canadienne qui pourrait engendrer une application incorrecte de la loi sur l’immigration. La fraude peut entraîner des conséquences graves pour les demandeurs, telles que le rejet de leurs demandes, des amendes, une interdiction de postuler pour l’immigration au Canada pendant cinq ans, ou même une expulsion du Canada.
Publication d’informations sur les contrevenants
Les noms et informations sur les représentants rémunérés ayant enfreint la loi seront publiés sur le site du ministère, incluant la nature de l’infraction, le montant de l’amende et si celle-ci a été acquittée.
Rôle des consultants en immigration
Les consultants en immigration aident les individus et les familles à naviguer dans le système d’immigration canadien. Pour agir légalement, les consultants doivent être membres du Collège des consultants en immigration et en citoyenneté.
Ces représentants, qu’ils soient rémunérés ou non, fournissent des conseils sur les meilleures options d’immigration et peuvent agir au nom des demandeurs pour leurs demandes d’immigration et de citoyenneté. Cependant, seul un représentant rémunéré doit être autorisé par le gouvernement.
Les représentants rémunérés comprennent :
- Des avocats et parajuristes membres en règle d’un barreau provincial ou territorial canadien;
- Des notaires membres en règle de la Chambre des notaires du Québec ;
- Des consultants en immigration membres en règle du Collège des consultants en immigration et en citoyenneté.
Toute personne peut agir comme représentant non rémunéré, mais il est obligatoire de déclarer sur la demande si un représentant a été utilisé, qu’il soit rémunéré ou non. Le défaut de divulguer cette information peut entraîner le rejet de la demande.
Note : Si un représentant reçoit une compensation pour ses services, il est considéré comme rémunéré et doit être autorisé.